Nous avons interrogé les bailleurs sociaux Elogie Siemp et l'Office Public de l'Habitat d'Aubervilliers pour évaluer leur satisfaction par rapport à la technique de végétalisation Asphalte Jungle.
Lionel Mure, Chargé de mission politique environnementale et innovation technique chez Elogie-Siemp
En 2018, pour des raisons de coût, le bailleur social Elogie Siemp a livré un immeuble dont le sol de la cour était bitumé, alors qu'était originellement prévu un revêtement plus clair afin de limiter l’effet d’îlot de chaleur urbain. Pour pallier à ce sentiment de déception et tester la désimperméabilisation, le bailleur social a voulu tester la technique Asphalte Jungle sur cette cour d’immeuble, très représentative des typologies de terrain que l’on trouve sur le territoire parisien : minéral et dense.
Pour le bailleur social, la force du jardin Asphalte Jungle réside dans sa capacité à créer un sol artificiel, le « technosol », avec de l’existant, et ainsi de bâtir une stratégie de végétalisation sur plusieurs années puisqu’il s’auto-entretient. La solution est bien plus pérenne qu’une « grosse jardinière », et le sentiment de nature mieux établi.
Cependant, la réplication systématique de cette solution pour désimperméabiliser est à nuancer par le prix de l’opération. Pour le prototype de la cour, ce sont 400 euros par m2 qui ont été dépensés. A titre de comparaison, un sol bitumé coûte 100euros par m2 (pour des usages et fonctions bien différentes évidemment). Pour Elogie-Siemp, Asphalte Jungle est donc plus approprié à la transformation de l’existant qu’à la construction neuve, car il répond à des contraintes spécifiques. Par exemple, dans un cœur urbain dense, il est tout simplement plus aisé de fabriquer avec l’existant que d’importer des matériaux de l’extérieur de la ville. Aussi, la situation de la cour était propice à la bonne réussite du prototype, notamment grâce à l’infiltration des eaux pluviales dans la terre.
Enfin, pour des projets similaires futurs, Elogie-Siemp compte mobiliser des fonds de la ville de Paris dédiés à la désimperméabilisation, la gestion des eaux pluviales et à la lutte contre l’effet de chaleur urbain.
Jardin Joyeux : Quelle pérennité du jardin depuis 2016 ?
Preuve que le recours à cette solution est à penser en fonction du contexte, l’OPH Aubervilliers a au contraire choisi cette option car, dans leur cas de figure, elle convenait à leurs contraintes financières fortes. Comme expliqué plus haut, leur objectif était de déplacer le moins de matière possible.
Ainsi, les opérations ont essentiellement consisté à planter les diverses essences qui se composaient d’arbres, d’arbustes, de plantes rampantes et de vivaces ne nécessitant pas, ou peu, d’entretien. Bien que le développement du jardin soit légèrement plus long que prévu, il s’étoffe d’année en année et a déjà résisté à plusieurs canicules et sécheresses. Rappelons qu’il n’est jamais arrosé.
Les interventions, de l’ordre de trois à quatre passages d’une journée (ou demi-journée) par an consistent à ajouter quelques plantes, apporter un jardinage approprié, nettoyer (les déchets non-verts) et à valoriser le lieu : des animations sont organisées pour informer et impliquer les riverains.