Domaine d'application : Espace public
Cette solution de gestion des eaux pluviales fondée sur la nature consiste à créer des espaces de pleine terre avec des végétaux plantés, que l’on qualifiera de “noues urbaines” lorsqu’elles sont décaissées et vers lesquels sont orientés les flux d’eau de pluie de la voirie. Ces espaces sont généralement situés en bordure du trottoir ou de la chaussée. Si le contexte le permet, le surplus d’eau s’infiltre directement dans le sous-sol. L’aménagement peut aussi être rendu étanche avec un surplus d’eau évacué directement vers le réseau d’assainissement.
Bien choisir l’emplacement des bandes végétalisées
Le principe est d’utiliser les aménagements existants, en multipliant ces bandes à des endroits stratégiques, sans recourir à des travaux d’envergure pour y acheminer l’eau de pluie. Les bandes végétalisées sont soit alimentées directement en eau pluviale en utilisant les pentes naturelles de la voirie, soit via le caniveau.
Il est conseillé de multiplier les points d’arrivée (ou d’engouffrement) d’eau, afin d’éviter l’accumulation des déchets et des pollutions en un seul point. L’idéal est un engouffrement linéaire sur toute la longueur pour ne pas surexposer une zone en particulier.
Il est préférable d’en équiper en priorité les zones les moins fréquentées par les piéton·nes et les véhicules et où la végétation subit moins de pressions.
Adapter les différentes couches à la qualité du sol
L’épaisseur du substrat de ces aménagements, composé généralement de terre végétale et de sable, peut varier de 30 à 60 cm.
Si le sol est peu perméable, un horizon artificiel peut être implanté sous le substrat, constitué par exemple de gravier, afin de drainer le fond du dispositif et de stocker le surplus d’eau avant infiltration.
Dans le cas où le dispositif doit être rendu étanche car le contexte géotechnique ne permet pas l’infiltration, ou car l'infiltration mettrait en danger les constructions à proximité, une membrane étanche sépare le substrat et le sous-sol. Il est alors important de prévoir l’évacuation du trop plein d’eau pour éviter l’asphyxie des racines par ennoiement.
Autre point de vigilance : les réseaux souterrains. Il faut laisser entre eux et les racines un espace minimum (2 m à Paris). Si besoin, une barrière anti-racinaire peut être installée.
Choisir les essences à planter en fonction de plusieurs facteurs
De manière générale, les essences sont choisies pour leur résistance aux variations hydriques et aux pollutions chroniques. Les plantes aquatiques sont à éviter car les noues ne sont pas des zones humides : une noue infiltrante n’est en eau que 0,5% du temps. Il s’agit d’une erreur commune chez les maîtres d’ouvrages. La densité de la végétation est déterminée par la quantité d’eau reçue.
Plus la surface raccordée (sur laquelle tombent les eaux de pluie qui ruisselleront vers la végétation) est grande par rapport à la surface de la bande, plus la végétation devra être dense.
La végétation ne doit pas être uniforme :
- Aux extrémités et aux points d’engouffrement, particulièrement exposés aux pollutions chroniques, il convient de densifier la végétation ;
- Les plantes en point bas doivent être adaptées à un sol détrempé ;
- Les plantes surélevées doivent pouvoir résister au stress hydrique.
Enfin, d’autres facteurs entrent en ligne de compte :
- Le climat, en particulier les températures et la fréquence des précipitations ;
- La vitesse d’infiltration du substrat ;
- L’aspect esthétique recherché.
A noter que dans un espace étanche, la palette des végétaux utilisables est réduite : il convient de planter des plantes qui évapotranspirent davantage afin de réduire le trop plein d’eau.
Protéger ces espaces du piétinement et des pollutions
Le piétinement de ces espaces provoque un tassement qui met en péril la survie des plantes. La fréquentation par les chiens peut faire péricliter la végétation (dégâts physiques, déjections). C’est pourquoi, pour des questions de pérennité et de sécurité, des protections sont souvent nécessaires, selon le flux de piéton·nes et des places de stationnement le long de ces espaces. Une hauteur de 30 cm est relativement dissuasive pour limiter le piétinement.
Pour limiter l’accumulation de déchets au sein des bandes végétalisées, des lames ajourées, laissant passer l’eau mais pas les gros déchets, peuvent être installés. L’infiltration directe des eaux de chaussées très circulées est elle déconseillée pour ne pas nuire aux végétaux.