Gestion écologique des espaces verts | Retour sur l’Atelier AdaptaVille et Plante & Cité
À l’heure où de nombreuses collectivités renforcent la végétalisation urbaine, la gestion écologique apparaît comme une solution incontournable pour valoriser les services écosystémiques du végétal tout en conciliant les usages de ces espaces. Découvrez en les bénéfices et grands principes à travers ce retour d'enseignements de l'atelier AdaptaVille du 2 octobre 2025 !
[Article publié le 15 octobre 2025]
Dans un contexte d'adaptation au changement climatique, faire évoluer les pratiques d'entretiens à travers la gestion écologique constitue un levier essentiel.
Cette rencontre a réuni trois intervenants qui ont pu partager leurs expertises sur ce sujet :
Solène QUEINNEC, chargée de missions Adaptation au changement climatique à l’Agence Parisienne de Climat ;
Aurore MICAND, chargée d’études Paysage et EcoJardin à Plante & Cité ;
Farid CHIKH, chef de projet espaces verts à Gennevilliers.
La gestion écologique trouve son origine dans le principe de gestion différenciée, qui consiste à appliquer des modes de gestion différents selon la typologie des espaces, leurs usages et le rendu souhaité. Elle tend vers une meilleure approche écologique des espaces verts, en adaptant leur gestion (conception et entretien) selon les caractéristiques des sites, leurs environnements et leurs usagers.
Une solution pour adapter les villes au changement climatique ?
Solène QUEINNEC de l’Agence Parisienne du Climat a rappelé en introduction les multiples intérêts de la gestion écologique, ainsi que ses liens avec l’adaptation au changement climatique.
Les espaces verts, qui remplissent des fonctions écologiques et sociales riches, sont aujourd’hui menacés par les aléas climatiques de plus en plus fréquents et intenses - vague de chaleur, précipitations extrêmes, épisodes de sécheresses.
La gestion écologique permet de favoriser la résilience des espaces verts et de s’adapter à ces aléas, en favorisant de nombreux bénéfices :
Augmentation du potentiel rafraîchissant grâce à l’ombre et l’évapotranspiration induite par les espaces verts ;
Amélioration de l’infiltration de l’eau dans le sol ;
Economie de la ressource en eau par une diminution des besoins en arrosage ;
Réduction de l’empreinte carbone ;
Soutien à la biodiversité par la création d’habitats, la valorisation des sols, etc. ;
Réduction des intrants pour une meilleure préservation des ressources et lutte contre les pollutions.
La mise en place d’une gestion écologique peut également apporter plusieurs autres co-bénéfices :
Valorisation de l’existant, en renforçant les fonctions écologiques et sociales d’un espace sans aménagements lourds ;
Intégration dans l’action environnementale du territoire, par une dynamique de sobriété énergétique, de gestion de l’eau et des déchets ;
Création d’espaces de vie et de sensibilisation pour les usagers ;
Amélioration des conditions de travail des agents, en réduisant la pénibilité et en favorisant la montée en compétence.
Les principes de la gestion écologique
Aurore MICAND de Plante & Cité a poursuivi la discussion en présentant deux outils nés d’un travail sur deux ans réunissant 14 partenaires publics et privés, maîtres d’ouvrages et collectivités :
Le Référentiel EcoJardin, guide méthodologique de gestion écologique des espaces verts, mettant en lumières les bonnes pratiques à travers les 7 « domaines de gestion » sur lesquels agir : les sols, l’eau, la faune et la flore, les mobiliers et matériaux, les formations, la planification et les publics.
Le label EcoJardin, outil de communication à destination du public, des équipes d’entretien et des élus. Il valorise le travail jardinier et souligne les pratiques de gestion écologique intégrées sur un site. Les grilles d’évaluation se basent sur les principes dépeints dans le référentiel et se déclinent selon le type d’espace vert.
Battre en brèche les idées reçues sur la gestion écologique
La parole a ensuite été partagée avec le public pour discuter des idées reçues sur cette gestion, et apporter des éléments de réponses aux préconceptions suivantes :
Cette gestion n’est pas possible à mettre en œuvre en tout lieu ? Si, c’est possible partout, du cimetière au centre hospitalier, mais il n’y a pas les mêmes réponses dans tous les espaces ;
C’est la fin de l’esthétique et de l’art des jardins ? Non, cette gestion peut rimer avec patrimoine historique, d’ailleurs certains sites présentant une sensibilité patrimoniale forte sont labélisés « jardins remarquables » ;
Ça n’intéresse pas les habitants ? Si, cette gestion est un partage qui peut permettre de sensibiliser les usagers, en incluant par exemple des espaces potagers ;
Ça apporte des nuisances ? Non, la gestion écologique vise à refonctionnaliser les écosystèmes et donc à créer des équilibres entre prédateurs et proies;
Ca coûte plus cher ? Non, c'est plutôt une réallocation de moyens : des pratiques vont prendre moins de temps qu'avant (moins de tonte par exemple), ce qui va pouvoir libérer du temps pour de nouvelles tâches ;
C’est une perte de savoir-faire pour les jardiniers ? Non, ce sont de nouvelles compétences à développer.
Farid CHIKH de la Ville de Gennevilliers a conclu ce volet en présentant le retour d’expérience de sa commune, mettant notamment l’accent sur les actions à mettre en œuvre pour faire de la gestion écologique un projet partagé par tous.
Il a d’abord souligné l’importance de la concertation de tous les acteurs intervenant sur l’espace public lors d’un projet : services voiries, éclairages, réseau souterrain, jardiniers, etc., afin de consolider une réelle orientation politique sur la gestion écologique des espaces verts.
Pour les jardiniers, l’évolution des pratiques peut être difficile. Elles ne requièrent pas nécessairement plus de temps, mais elles constituent un changement de paradigme qu’il est nécessaire d’accompagner, à travers un dialogue régulier, des formations, une valorisation du travail.
Selon lui, il est également primordial de cultiver un dialogue avec le public et les élus, par exemple :
Sur la perception de la propreté qui est à relativiser : la préservation d’adventices, perçues comme des « mauvaises herbes », peut pourtant contribuer au maintien de la biodiversité et de l’existant au même titre que les sols, tout en permettant de réduire les coûts sur le long terme ;
Sur la plantation d’arbres jeunes, qui entraine des bénéfices à moyen terme mais renvoie une image moins satisfaisante qu’un arbre adulte.
L’intervention d’acteurs extérieurs peut favoriser l’acceptation des pratiques de la part des collectivités et des travailleurs.
Certains outils peuvent enfin contribuer à un référentiel partagé, comme le Label EcoJardin mentionné plus tôt. Du côté de Gennevilliers, un barème de l’arbre a été mis en place afin d’estimer la valeur patrimoniale des 12 000 arbres présents dans la ville et de demander des compensations financières représentatives de l’ampleur du préjudice subi pour la municipalité lors d’abattage d’arbres.
Le passage d’une gestion « tout horticole », appliquée de façon homogène, à une gestion écologique et différenciée requiert de repenser l’allocation des ressources humaines et matérielles. Cette approche nécessite des outils de planification, tels que le plan de gestion afin de structurer la démarche et formaliser les modalités d’entretien.
PlanEcoJardin : Un « jeu sérieux » pour une gestion plus écologique
Les participants ont ensuite pu prendre part au jeu sérieux « PlanEcoJardin» réalisé par Plante & Cité, qui permet de sensibiliser sur les pratiques de gestion écologique.
Incarnant une équipe en charge de la gestion d’un espace vert, les joueurs participent collectivement à l’entreprise d’actions à mettre en place saison après saison, afin de mieux gérer ce site et faire évoluer les pratiques sur une année.
Ils doivent prendre en compte :
Le budget annuel ;
Le temps disponible par saison ;
L’acceptation des projets menés ;
Les aléas météorologiques ou organisationnels.
À travers une feuille de route orientant les décisions chaque saison, 55 actions peuvent être entreprises pour adopter de meilleures pratiques, réparties selon les 7 domaines de la gestion écologique.
Des retours positifs et engageants des participants
À l'issue de l'atelier, les participants ont pu partager leurs retours, ainsi que des envies et idées d'actions à mettre en place dans leur structure, notamment :
Insuffler la démarche de gestion écologique au sein de sa structure, pour la mettre en œuvre dans le cimetière de sa commune ou sur les lots des ZAC par exemple ;
Proposer le jeu en interne, aux acteurs opérationnels de l'espace public et aux jardiniers pour diffuser les bénéfices de la gestion écologique et sensibiliser ;
Partager les bonnes pratiques sur la gestion différenciée aux partenaires publics, les sensibiliser et les aider à la mise en place d'une gestion écologique ;
Approfondir ce sujet et d'autres liés à la biodiversité grâce aux ressources et animations AdaptaVille et Plante & Cité.
L’Agence Parisienne du Climat remercie à nouveau vivement les intervenants de Plante & Cité et Gennevilliers de nous avoir présenté les principes de la gestion écologique lors de l'atelier AdaptaVille du 2 octobre 2025.