Récupération de « l’énergie fatale » des égouts
La récupération d’énergie non utilisée jusqu’alors dite «
énergie fatale » se développe de plus en plus en France.
Les industriels ont déjà commencé à utiliser cette énergie fatale créée par leur activité principale pour en tirer des bénéfices. On peut donner en exemple les centrales thermiques qui utilisent de plus en plus la chaleur contenue dans les fumées dégagées par leurs activités pour produire de l’électricité à l’aide de la cogénération.
Cette récupération d’énergie fatale dans les eaux usées est d’ailleurs dénommée
cloacothermie.
De multiples solutions de récupération de l’énergie des eaux usées
Les eaux usées peuvent être utilisées pour :
- Préchauffer les ballons d’eau chaude pour les logements
- Apporter une partie de l’énergie nécessaire aux pompes à chaleur pour chauffer
- Aider à dissiper la chaleur des bâtiments à l’aide de la pompe à chaleur (rafraîchissement)
Comment récupérer cette énergie ?
La récupération de cette énergie à destination des logements nécessite une pompe à chaleur (PAC) dite « géothermique ». Le procédé est le même que pour de la géothermie de minime importance (basse température).
En réalité, une pompe à chaleur, comme son nom l’indique, ne produit pas de la chaleur directement, mais elle vient « pomper » la chaleur déjà présente dans l’environnement pour la redistribuer.
- En hiver, la PAC capte les calories contenues dans les eaux usées pour les injecter à l’intérieur du bâtiment.
- En été, la PAC absorbe la chaleur de l’intérieur du bâtiment pour la dissiper dans les eaux usées.
Dans le cas de la récupération de l'énergie des eaux usées, c'est une pompe à chaleur dite géothermique qui est nécessaire. C’est-à-dire qu’elle utilise de l’eau en circuit fermée, qui échange de l’énergie avec l’eau des égouts, ce qui permet à la PAC de rafraîchir ou chauffer le bâtiment.
«L’avantage d’une PAC géothermique est son COP élevé (coefficient de performance). Une pompe à chaleur classique en possède un autour de 3, tandis que pour une géothermique le COP peut atteindre 5, c’est-à-dire que pour 1kWh d’énergie consommée par la machine, elle pourra restituer jusqu’à 5kWh de chaleur.
Où récupérer l’énergie des eaux usées ?
En station de traitement des eaux usées :- Il est possible de récupérer une partie de la chaleur des eaux usées lors de son traitement avant d’être relâchées dans le milieu naturel. Ces systèmes sont très efficaces puisque l’énergie contenue dans les eaux usées y est concentrée, on peut alors valoriser cette énergie à grande échelle, par exemple, alimenter en partie un réseau de chaleur.
En pied d‘immeuble
- Dans les grands immeubles d’habitation il est possible d’installer en pied d’immeuble un système de récupération d’énergie. Il existe aussi des récupérateurs de chaleur directement installés au sein d’un logement, parfois même sous le bac de douche, pour capter la chaleur au plus près de son émission. L’avantage de cette méthode est la température élevée de l’eau usée (autour de 35°C), mais les volumes récupérables sont assez faibles.
Dans le réseau d’assainissement :
La récupération de l’énergie des eaux usées est réalisée ex-situe, donc hors des égouts. On branche un tuyau à l’égout principal pour récupérer une partie des eaux usées, puis cette eau usée passe dans un broyeur pour éviter d’endommager l’échangeur d’énergie qui va échanger ses calories avec celle de l’eau usée. Cette chaleur est transmise à un circuit d’eau secondaire en boucle fermé qui amène enfin cette énergie à la pompe à chaleur (PAC). L’eau débarrassée de la chaleur par l’échangeur est remise dans l’égout quelques degrés plus froide.
Cette méthode permet de récupérer directement l’énergie à l’intérieur même du réseau d’assainissement. Les échangeurs sont installés dans les égouts et le réseau d’eau secondaire vient récupérer cette énergie dans les échangeurs pour l’amener à la PAC. De cette manière, une intervention moins importante est nécessaire, mais la surface d’échange des échangeurs est plus conséquente.
Les eaux usées : une source d’énergie permanente ?
La température moyenne des eaux usées en ville se situe entre 10 et 20°C selon les saisons. Dans les villes, l’activité humaine assure l’approvisionnement continu des eaux usées.
Une
étude de l’ADEME de 2015 (p27) estimait le potentiel éligible de valorisation de l’énergie contenue dans les eaux usées en Île-de-France à
220 GWh/an en pied d’immeuble,
360GWh/an dans les collecteurs et
520GWh/an pour les stations de traitement des eaux usées.
Or, la consommation en chauffage de l’Île-de-France pour le logement est d’environ
73,5 TWh/an. Ainsi, avec l’énergie contenue dans les eaux usées, il serait possible de répondre à environ 1,5% de la demande en chauffage, soit pour 210 000 habitants.