Installer des revêtements alvéolaires pour infiltrer les eaux pluviales dans les parkings
Les revêtements en alvéoles, généralement comblés avec du gazon ou du gravier, permettent de rendre perméables des parkings, des voies pompiers ou encore des plateformes de tramway. Les alvéoles peuvent prendre différentes formes (béton monolithique, dalles en plastique ou en béton), qui ont chacune leurs caractéristiques.
L’eau de pluie qui tombe sur ce revêtement peut s’infiltrer directement si le sous-sol le permet, ce qui désengorge les réseaux d’assainissement en cas de fortes pluie et contribue à restaurer le cycle naturel de l’eau. Si le revêtement est engazonné, il permet en plus de réduire le phénomène d’îlot de chaleur urbain – le gazon est le « matériau » qui reste le plus frais pendant les journées de forte chaleur grâce à son albédo et au phénomène d’évapotranspiration (Apur).
Esthétisme (permet la continuité d’une surface engazonnée)
Description de la solution
Qu’est-ce qu’un revêtement alvéolaire ?
Les revêtements alvéolaires de voirie consistent en une structure, pouvant supporter le passage de charges lourdes, qui laisse un espace qu’il est possible de remplir avec du gazon ou du gravier (ou plus rarement de sable grossier).
Leur principal intérêt est de pouvoir désimperméabiliser et végétaliser des surfaces soumises au passage de véhicules. Ils ne sont cependant pas adaptés aux voies de circulation. On les trouve donc principalement dans les zones de stationnement.
Quelles sont les différentes catégories de revêtement perméables ?
On peut distinguer trois catégories de revêtements alvéolaires, chacune ayant ses caractéristiques propres :
Les dalles alvéolaires en plastique
Les dalles alvéolaires en béton, préfabriqué
Le béton monolithique alvéolaire, coulé sur place
Les dalles alvéolaires en plastique
Aspect : Elles sont moins visibles que les dalles en béton, offrant un aspect plus proche d’une surface enherbée lorsqu’elles sont engazonnées. Leur modularité permet de délimiter facilement les différentes zones et d’alterner facilement les configuration.
Pérennité : Généralement en Polyéthylène haute densité (PEHD) ou en Polypropylène (PP), ces dalles sont attachées entre elles avec un système d’emboîtement pour empêcher le déchaussement. Attention, lorsqu'elles sont soumises à des fortes chaleurs, le plastique est soumis à un risque de dilatation qui peut faire bouger la structure, difficile à estimer aujourd’hui. La légèreté du matériau le rend également très sensible à la qualité du lit de pose, c’est pour cela qu’il est important d’être très vigilant lors de la mise en œuvre. La pose doit être la plus compactée et homogène possible pour assurer la pérennité de la structure. Les dimensions des alvéoles varient selon les modèles, certains proposent des alvéoles assez larges, favorisant le maintien de la végétation.
Pose : Leur légèreté permet une pose rapide.
Impact environnemental : Pour réduire l’impact environnemental du produit, des fabricants proposent du plastique recyclé, issu de plastique ménager souillé qu’il est difficile de valoriser. Concernant la pollution des sols, des fabricants assurent une usure limitée en surface grâce à une bonne innocuité, engendrant une pollution négligeable comparée à l’usure des pneumatiques. En revanche, la dégradation en sous-sol n’a pas encore été étudiée.
Les dalles alvéolaires en béton
Aspect: Elles sont plus visibles que les dalles en plastique, l’aspect dépend des modèles. Leur modularité permet de délimiter facilement les différentes zones et d’alterner facilement les configuration.
Pérennité : Par rapport au dalles en plastique, celles en béton, plus lourdes, sont moins sensibles au fond de pose et peuvent tolérer des imperfections. Les dalles étant posées les unes à côté des autres, il existe un risque d’orniérage (une déformation permanente de la chaussée) et de pianotage (décalage de niveaux entre les dalles entraînant une discontinuité), ce qui les rend plus sensibles au passage des véhicules. La modularité permet néanmoins une réparation facile puisqu’il suffit de remplacer une dalle en cas de casse. Il est important d’anticiper ce cas de figure avec le fabricant et l’entreprise de pose. Pour favoriser le maintien de la végétation, il est conseillé d’éviter certains modèles proposant des alvéoles petites et au ras-du-sol, comme les « nids d’abeille ».
Pose : Les dalles étant préfabriquées, elles permettent une pose plus rapide que le béton coulé sur place.
Impact environnemental : La production du béton est énergivore, certains fabricants utilisent du béton bas-carbone et recyclable pour réduire le bilan carbone du produit.
Le béton monolithique alvéolaire
Aspect : Les alvéoles sont plus grandes et visibles que sur des solutions modulaires. Il est possible de varier les configurations et de jouer sur la taille des zones alvéolaire (alternance gravier/gazon par exemple).
Pérennité : Le revêtement en béton coulé sur place offre une meilleure garantie de pérennité puisqu’il n’est pas sujet au déchaussement et à l’orniérage, et ne bouge pas par fortes températures. Il est conseillé de confier sa mise en œuvre a des entreprises expérimentées dans le béton décoratif pour assurer le respect des préconisations du fabricant. Une éventuelle réparation est en revanche plus difficile, il faut casser la zone délimitée au marteau piqueur puis recouler le béton. Les alvéoles sont très larges (12 à 15 cm de profondeur, 15 cm de diamètre), ce qui convient au maintient de la végétation.
Pose : Le béton étant coulé sur place, avec une cadence de 120 /150m²/jour moyen. Il est conseillé de fermer l’ouvrage à la circulation une dizaine de jour pour qu’il monte en résistance. Ce temps peut être réduit avec une formulation béton adaptée.
Impact environnemental : La production du béton est énergivore, mais le fabricant utilise du béton bas-carbone formulé avec des matériaux locaux. Les moules utilisés pour couler le béton sont en en papier carton recyclé et sont biodégradables.
Des alvéoles de grande dimension (ou une « surface de vide » importante) ont un double avantage. D’une part, plus il y a de vide, moins le revêtement nécessitera de matériaux, réduisant ainsi l’impact environnemental de sa production. D’autre part, les grandes alvéoles offrent davantage d’espace aux à l'herbe pour développer son système racinaire, et une plus grande rétention d’eau pour supporter les périodes sèches, ce qui améliore la pérennité de la végétation.
Il est également important de prévoir une mise à niveau de la terre à environ 1 cm sous le niveau des alvéoles, pour que la base des brins d’herbe n’entre pas en contact avec les pneus des véhicules, et ainsi éviter le risque d’arrachage avec la circulation. Mais cela le rend moins agréable pour les piétons et n’est pas adapté pour les personnes à mobilité réduite.
Prendre en compte le sous-sol
Les revêtements alvéolaires sont dans l’ensemble très perméables en eux-mêmes, avec un taux de perméabilité K supérieur à 10-3 m/s pour les versions engazonnées : c’est donc surtout la perméabilité du sol qui influencera la vitesse d’infiltration des eaux pluviales. Comme pour les autres revêtements perméables, une sous-couche drainante doit être prévue, et le sol doit être capable d'infiltrer les eaux pluviales. Il est important de ne pas tasser la terre lors de la pose pour que l’eau puisse s’y infiltrer.
Choisir des plantes adaptées
Il convient de rappeler que lorsque les alvéoles sont végétalisées, il s’agit à la fois d’un revêtement de voirie et d’un aménagement végétalisé, ce qui nécessite l’attention des services concernées (jardiniers, services des espaces verts…). Le choix des plantes devra être adapté à un apport d’eau irrégulier avec des périodes sèches en été et le passage de véhicules par-dessus, et prendre en compte le climat local. Les plantes à faible développement racinaire sont à privilégier compte-tenu de l'épaisseur limitée du substrat. Les essences utilisées pour les pelouses, comme les fétuques, ou les plantes de rocaille, comme les sedums, conviennent généralement.
Expérimentation de la solution
Retours utilisateurs-rices
Christophe Chenevière, responsable immobilier France chez Décathlon
Nous avons interrogé Christophe Chenevrère, responsable immobilier France chez Décathlon, qui a testé des revêtements alvéolaires dans plusieurs parkings.
Quels types de revêtements alvéolaires avez-vous testé ?
Dans nos parkings, notamment celui-ci du Décathlon de Vannes, nous testons deux types de revêtements alvéolaires végétalisés : les Via Verde (béton monolithique) et O2D GREEN (dalles en PVC recyclé). Nous cherchions une solution pour verdir les places de stationnement, ce qui est compliqué avec le passage des véhicules. Auparavant, nous avions des revêtements en nid d’abeille qui ne tenaient pas bien parce que les roues étaient au contact de la terre humide. Les alvéoles étaient trop petites, les racines étaient insuffisantes et elles manquaient rapidement d’eau en été.
Quel retour faites-vous sur le béton monolithique alvéolaire ?
On vient poser une structure en béton, qui est bien plus légère que des dalles en béton puisqu’elle est composé à deux-tiers de vide. Posée sur un espace vert, elle permet d’éviter que les roues de voitures viennent tasser ce sol. Et cela fonctionne. Dans nos deux parkings de Nantes, on remarque que l’herbe est plus verte sur les places de stationnement que dans les espaces verts, parce qu’il y a moins de piétinement. Même en été. C’est aussi le cas à Montpellier, dans un climat plus chaud, sans arrosage. Le béton est plus élevé que la terre (1 cm), ce qui évite que l’herbe soit arrachée. Au bout de deux ans, nous n’avons pas constaté de soucis avec le passage de véhicules.
Et sur les dalles alvéolaires ?
Nous avons testé les dalles O2D sur un Parking à Vannes, où nous avons également du Via Verde. Nous les avons fait faire par mon paysagiste il y a 3-4 ans, mais il est aussi possible de les végétaliser en culture. Elles résistent très bien. De plus, il existe plein de formules, elles permettent beaucoup de choses. Et même sans bordures, nous n’avons pas eu de problème de calage des dalles. Mais il existe un risque en cas de mauvais empierrement ou fond de forme.
Quelle est la fréquentation du parking où les deux types sont utilisés ?
Dans le parking de Vannes, nous avons une rotation de voiture toutes les 25 minutes, ce qui fait jusqu’à une vingtaine de rotations par jour sur une place de stationnement.
Est-ce que vous avez une préférence selon la configuration ?
Nous préférons opter pour du Via Verde pour les place avec les rotations les plus importantes. Pour les places handicapées, nous mettons du gravier. Et pour végétaliser les autres places, les Via Verde et les dalles O2D conviennent.
Les alvéoles engazonnées posent-elles des problèmes d’entretien particuliers ?
Nous n'avons pas de problème particulier avec les détritus car les alvéoles sont bien remplies. En revanche le principal risque c’est la pollution des voitures, qui ont tendance à perdre de l’huile. Nous avons par exemple constaté une grosse tâche noire sur 5-6 alvéoles, qui a nécessité l’intervention du paysagiste.
Avez-vous des conseils à donner ?
Il faut s’assurer que la couche sous le revêtement laisse l’eau s’infiltrer en faisant notamment attention à l’empierrement. Le rapport d’infiltration doit être au moins équivalent au coefficient d’infiltration des alvéoles. Le but doit être d’éviter de renvoyer l’eau de pluie vers les réseaux, et ainsi de se passer d’avaloirs.
Une mise en œuvre est essentielle pour que l’ouvrage tienne, en particulier pour les dalles.
Pour la gestion des eaux pluviales, la priorité doit être donnée aux espaces verts et aux arbres : il vaut mieux envoyer les eaux dans la nature avec une pente. Mais si les espaces verts ne suffisent pas pour infiltrer les eaux de pluie, on peut envisager de désimperméabiliser les revêtements. S’il reste encore un excédent, il est possible de récupérer les eaux pluviales.
Co-bénéfices
Co-bénéfices environnementaux :
Biodiversité
Economie circulaire / Zéro Déchet
Eco-conception
Co-bénéfices autres :
Esthétisme
Coûts
Les coûts des revêtements
Les coûts varient selon les fabricants, certains incluent la pose et la mise en œuvre. Le prix total varie généralement entre 65 € et 110 € par m², davantage d'un revêtement classique.
Des économies permises par l'infiltration des eaux pluviales
Les revêtements alvéolaires peuvent permettre une gestion alternative des eaux de pluie, en se passant d'un raccordement au réseau d’assainissement. Les économies réalisées (absence de connexion, d'avaloir…) rendent les solutions infiltrantes intéressantes financièrement.
Aides
L’Agence Eau Seine Normandie (AESN) subventionne les projets de réduction à la source des écoulements de temps de pluie par la désimperméabilisation des sols représentant au moins 10 000 €. Pour qu’ils soient éligibles, une partie au moins des surfaces doit présenter une imperméabilité avérée, et les eaux de pluie qui ruissellent sur ces surfaces imperméables doivent être collectées et envoyées vers des réseaux d'assainissement.
Les montants varient selon les acteurs et si le projet est végétalisé ou non. Pour les collectivités et les copropriétés, le taux d’aide est de 80 %, avec un plafond de :
100 €/m² éligible pour les projets végétalisés entrainant plus de 80 % de désimperméabilisation de la surface initiale
30 €/m² éligible pour les autres types de projet
Pour les entreprises, le taux d’aide varie entre 40 et 70 % selon la taille de l’entreprise.
De manière générale, ces revêtements sont pertinents lorsque le passage de véhicules lourds rend impossible l’utilisation de revêtements naturels ou de certains revêtements perméables, qui ne nécessitent pas d’enfouir des matériaux béton ou plastique dans le sol. Cependant, les sollicitations ne doivent pas être trop intenses pour assurer la pérennité de l’aménagement, c’est pour cela qu’ils ne conviennent pas aux voies de circulation à proprement parler. Ils ne conviennent pas non plus au passage des vélos et des personnes à mobilité réduite.
Leur principal usage concerne les espaces de stationnement.
Il convient également aux voies de véhicules de services, voies pompiers et voies échelles, pour lesquels il est certifié contrairement à certains matériaux perméables. On leur trouve également d’autres usages comme le long des voies de tramway, les accotements de pistes cyclables ou les héliports.
S’intégrer dans le contexte de gestion des eaux pluviales
Ils s’inscrivent dans le cadre de la gestion des eaux pluviales, d’où la nécessité de prendre en compte les exigences et prescriptions requises applicables sur le site (SDAGE, PLU, zonage pluvial…), ainsi que les autres solutions d’infiltration des eaux pluviales.
Concrètement, il est particulièrement intéressant s’il permet de se passer d’un avaloir pour évacuer le surplus des eaux pluviales. Dans le cas d’un parking où l’intégralité de l’eau de pluie ruisselle vers des espaces verts (noues, jardins de pluies…), ils ne sont pas nécessaires, mais ce cas reste assez rare. A noter que si le sol est peu perméable (avec un coefficient K inférieur à 10-5 m/s), il peut être nécessaire de coupler l’infiltration avec une solution complémentaire (structure réservoir, un drain, noue…).
Prendre en compte le contexte géotechnique et hydrologique
Une étude de dimensionnement hydraulique, à partir des précipitations attendues et des caractéristiques des surfaces, et une analyse de la perméabilité du sol permettent d’aiguiller le choix des alvéoles et de leur remplissage.
Le sous-sol peut représenter une contre-indication à un revêtement perméable de voirie, si le sol n’est pas propice à la présence d’eau, ou si une nappe souterraine pour captage d’eau potable se situe sous la surface d’infiltration. De ce cas, il est nécessaire d’étanchéifier l’aménagement, ce qui complexifie la mise en œuvre. Attention également à la présence éventuelle de réseaux souterrains.
Anticiper l’entretien
Les alvéoles peuvent constituer un piège à détritus si elles ne sont pas complètement comblées par la végétation ou le gravier, ce qui nécessite un entretien manuel. Il est important de les dégager régulièrement pour maintenir leur perméabilité.
Si les alvéoles sont remplies de gravier, il y a un risque qu’une partie se répande sur les surfaces adjacentes avec le passage des véhicules, nécessitant une attention particulière. Un désherbage thermique est possible pour les revêtements en béton, sinon il doit être manuel.
Le gazon nécessite de son côté une tonte régulière (entre une et trois fois par an), il ne doit pas trop se développer. Ils permettent généralement le passage de tondeuses. Occasionnellement, une fertilisation (en évitant le recours aux engrais chimiques) ou un arrosage peut s’imposer. Il convient de considérer cet espace comme un espace vert, suivi par des jardiniers. En cas de pollution accidentelle, l’intervention d’un paysagiste est nécessaire.
Avec le temps, il y a un risque de colmatage, particulièrement si les alvéoles sont remplies d’un matériau argileux.
En cas de casse, la réparabilité dépend du type de revêtement (voir la partie « description »).