Le 27 novembre 2023, plus de 300 personnes se sont réunies au Pavillon de l’Arsenal pour la troisième édition des Rencontres AdaptaVille ! Un franc succès pour cet événement qui s’affirme désormais comme un RDV incontournable dans l’année pour les acteurs de l’adaptation au changement climatique en Ile-de-France et tous ceux qui s’y intéressent. Pour celles et ceux qui n’ont pas pu être là, nous vous proposons un retour sur les échanges qui ont eu lieu pendant les tables rondes.
« La prise de conscience collective s’accélère », Raphaël Ménard
Comme l’a souligné dans son discours d’ouverture Raphaël Ménard, architecte reconnu et président de l’Agence d’Architecture AREP, l’adaptation au changement climatique est un sujet de plus en plus présent sur la scène médiatique : « la prise de conscience collective s’accélère ».
Il apparaît dès lors « indispensable que les villes échangent entre elles » pour s’emparer pleinement du sujet dans des espaces d’échanges consacrés comme les Rencontres AdaptaVille, qui représentent une réelle opportunité d’échanges et de partage.
Interrogée à travers le rapport au temps, à l’investissement, à l’esthétique, l’adaptation est pour Raphaël Ménard une nouvelle composante à prendre en compte systématiquement dans les aménagements.
Est-ce qu’on accepte le risque que les bâtiments construits aujourd’hui disparaissent un jour à cause du changement climatique ? Comment intégrer le coût de l’adaptation ? Comment construire des futurs désirables architecturalement ?
C’est pour répondre à cette troisième question qu’a été imaginée l’exposition Energies légères, dont Raphaël Ménard est commissaire d’exposition. Accueillie au Pavillon de l’Arsenal, elle propose « des paysages (légèrement) modifiés de notre quotidien […] où s’esquissent des lendemains post-carbone. »
« L’enjeu, c’est de préserver l’habitabilité de notre ville et de protéger tou·tes les habitant·es »
La Ville de Paris et l’Agence Parisienne du Climat se sont ensuite exprimées sur leurs préoccupations et leurs actions pour adapter Paris aux impacts du changement climatique.
Un nouveau Plan climat parisien qui remet au centre les enjeux d'adaptation
Si le constat dressé par Dan Lert, Adjoint à la Maire de Paris en charge de la transition écologique, du plan climat, de l’eau et de l’énergie, n’est pas rassurant : « à Paris, nous avons déjà franchi la barre des +2,3°C et nous nous préparons à des pics de chaleur à 50°C », la prise de conscience et la mise en place de mesures semblent pleinement engagées.
Pour Dan Lert, « l’enjeu c’est de préserver l’habitabilité de notre ville et de protéger tou·tes les habitant·es », « si nous n’agissons pas aujourd’hui, nous n’aurons pas la possibilité de nous adapter dans la 2e moitié de ce siècle ». Le nouveau plan climat intègre plus de 500 mesures qui répondent aux mots d’ordre que se sont fixés la municipalité « faire plus vite, plus local, plus juste ».
Adaptation en urgence des équipements publics sensibles (écoles, crèches, Ephad..) ;
Un plan grand chaud pour mettre les personnes vulnérables à l’abri en cas de vague de chaleur ;
Un renforcement des aides et de l’accompagnement à la rénovation ;
Un zéro reste à charge pour les copropriétaires précaires qui souhaiteraient mettre en place des travaux de rénovation ;
Un plan volet ;
etc.
L'Agence Parisienne du Climat : au cœur du plus grand chantier de rénovation et d'adaptation du parc bâti parisien
On le voit, l’adaptation des bâtiments représente un enjeu central du nouveau Plan climat de la Ville de Paris. Les 45 000 copropriétés parisiennes représentent en effet 75% des logements et 80% des consommations énergétiques de Paris : leur rénovation et leur adaptation est un enjeu de taille.
L’Agence Parisienne du Climat, guichet unique de la rénovation à Paris, suit actuellement 25% des copropriétés parisiennes, avec 10 000 copropriétés parisiennes inscrites sur CoachCopro.
Karine Bidart, Directrice Générale de l'Agence Parisienne du Climat, a expliqué que la prise en compte de l’habitabilité estivale dans les chantiers de rénovation prend une place de plus en plus importante : un panel de différents dispositifs mis en place par la Ville de Paris (EcoRénovons Paris+, CoprOasis) permet d’aider les copropriétés volontaires vers la végétalisation de leurs cours, leurs toits, ou encore de favoriser des matériaux biosourcés plus adaptés aux fortes chaleurs… Les nouveaux dispositifs de la Ville devraient encore accroître cette orientation.
En parallèle, l’Agence Parisienne du Climat travaille de concert avec la Métropole du Grand Paris et l’ADEME pour créer une dynamique sur l’adaptation avec le projet AdaptaVille : une plateforme web qui recense plus de 70 solutions concrètes pour adapter les villes denses aux impacts du changement climatique et un programme d’animation à destination des professionnel·les avec des visites de sites, webinaires, ateliers participatifs thématiques, etc.
« L’Agence Parisienne du Climat est là pour accompagner les collectivités dans la mise en œuvre concrète de mesures pour adapter le territoire au changement climatique. Le but d'AdaptaVille, c'est d'arriver à mettre en réseau les acteurs de l'adaptation pour faire bouger les lignes. »
"Adapter l’espace public : une approche qui nécessite de nouvelles coopérations entre services et parties prenantes" : retour sur les échanges de la table ronde
Pour cette première table ronde centrée sur la question de l’adaptation de l’espace public, et de tous les chamboulements que cela entraîne en termes de nouvelles pratiques, coopérations avec de nouveaux acteurs ou mêmes en interne, 4 personnes étaient présentes autour de la table pour témoigner de leurs expériences.
Mobilisation des acteurs associatifs, participation des habitantes et des habitants, mise en commun de ressources, appel à des bureaux d’étude… les projets mis en avant montrent la pluralité des acteurs qui peuvent être sollicités pour faciliter la mise en place de projets d’adaptation dans l’espace public et les différentes façons de faire.
Catherine Le Thual, Directrice Espace Public de la Ville de Vincennes
La Ville de Vincennes a présenté des projets de végétalisation et d’apaisement de plusieurs rues d’un même quartier, une démarche qui s’inscrit pleinement dans une volonté politique et implique un processus de consultation avec les citoyennes et citoyens, qui ont été interrogés pour savoir s’ils préféraient conserver des places de stationnement arbres ou bien voir la suppression de deux tiers des stationnements afin de préserver leurs arbres. Ils ont préféré conserver les arbres.
Petite particularité : pour assister les équipes de Vincennes dans leur projet de rues végétalisées, la Ville a aussi été fait appel au bureau d’étude OGI (Omnium Général d’Ingénierie). Cet accompagnement a permis aux équipes techniques de s’acculturer aux méthodes de désimperméabilisation garantissant la conservation du patrimoine arboré existant.
Florence Hanappe, Directrice de la Délégation à l'espace public au Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis
Florence Hanappe a parlé d’urbanisme tactique et transitoire : des méthodes qui permettent de transformer plus rapidement l’espace public grâce à des mesures plus légères (décroutage, végétalisation, marquage ludique)…et pour lesquelles il est intéressant d’aller chercher et mobiliser des acteurs locaux associatifs ou de l’économie sociale et solidaire par exemple, en capacité d'assurer leur mise en œuvre, entretien, etc.
Récemment, le département a travaillé sur le réaménagement transitoire (en attendant le TZEN) d’un carrefour à la frontière de plusieurs collectivités : le carrefour des limites. Comme pour la majorité des projets désormais : la renaturation est au centre de tout. Comme le budget d’entretien des espaces nouvellement végétalisés était trop important pour que les villes en soient gestionnaires, c’est une association d’insertion sociale et de retour à l’emploi qui fait de l’horticulture locale qui va s’occuper de l’entretien de ces espaces.
Ce choix ne s’est pas fait tout seul : c’est grâce à de nombreux échanges avec les villes concernées, le lancement d’un Appel à Manifestation d’Intérêt, et des prises de contact avec des acteurs de l’économie circulaire que la bonne solution a été trouvée ! Le projet a également permis de tester à une grande échelle le marquage ludique au sol, de développer des ombrières, et d’accompagner le cheminement piéton.
« Tout seul, on n’aurait pas réussi, la coopération est indispensable », Florence Hanappe, Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis
Nicolas Vignot, Chef de projet Rues aux écoles, Ville de Paris
Autre projet de transformation de l’espace public : les rues aux écoles de Paris. Les rues aux écoles se sont multipliées dans la capitale depuis trois ans. Ces rues piétonnisées et apaisées permettent aux élèves, aux familles et aux riverain·es de profiter en sécurité des espaces aux abords des écoles. L'école est remise au centre du quartier, et sa rue devient un espace de rencontre pour discuter, jouer, flâner. L'objectif est également d'améliorer la qualité de l'air, enjeu crucial pour la santé des enfants.
La création de rues aux écoles est également l'occasion de récupérer une partie de l'espace libéré des voitures pour végétaliser. Couplé à un choix de revêtement clair, leur aménagement cherche à créer de nouveaux îlots de fraîcheur de proximité bien identifiables lors des vagues de chaleur et canicules. La désimperméabilisation de certains espaces permet aussi d'infiltrer les eaux pluviales à la parcelle.
Avec pour objectif d’apaiser et de végétaliser les rues aux écoles à grande échelle et à grande vitesse, la façon de faire est, ici un peu différente. Nicolas Vignot, chef de projet rues aux écoles, nous raconte :
« Après avoir travaillé de nombreux mois en interne entre services espaces verts, voirie, affaires scolaires, la décision a finalement été prise de créer une véritable identité « rues aux écoles » afin qu’elles soient reconnaissables.»
Les rues aux écoles végétalisées (plus de 40 fin 2023) sont totalement transformées pour répondre à une esthétique commune. La chaussée initiale est donc totalement démolie de façade à façade pour réaliser un nouveau plateau piétonnier et un tapis végétalisé, pour lequel plusieurs ambiances paysagères sont proposées.
La Ville travaille beaucoup avec les commerçants, car les nouveaux aménagements nécessitent de nouveaux horaires de livraisons et des modalités d’accès différents. Le Conseil d’Architecture et d’Urbanisme de la Ville va aussi à la rencontre des communautés scolaires tout au long de la phase de chantier pour expliquer aux enfants ce qu’est une rue aux écoles, faire de la sensibilisation à la plantation etc.
Marie Berdoulay, de la Métropole du Grand Paris, sur la réouverture et la renaturation des cours d'eau
Pour d’autres projets, la coopération entre services, collectivités, acteurs associatifs, est encore plus flagrante. C’est le cas par exemple des projets de renaturation et réouvertures des cours d’eau.
Marie Berdoulay coordonne le pôle Gestion des Milieux aquatiques et prévention des inondations à la Métropole du Grand Paris qui a récupéré cette compétence « exclusive et obligatoire » en 2018. Depuis, la dynamique sur l’aménagement des cours d’eau, leurs réouvertures, et leurs restaurations ne cesse de croître.
« Ils permettent de réduire le risque inondation, de préserver et renforcer la biodiversité, d’apporter de l’ombre et de l’eau dans des milieux minéraux, et bien d’autres co-bénéfices. »
Le succès des premiers projets a convaincu d’autres collectivités de passer à l’action.
« Ces projets nécessitent par essence la coordination de très nombreuses parties prenantes » : les autorités locales, les services de l’Etat, les acteurs de l’environnement…et incombent de nouvelles obligations en termes d’aménagements, d’entretiens, etc. C’est pourquoi la Métropole travaille par exemple sur la création de postes mutualisés qui permettraient d’assurer un entretien des rivières par des agent·es métropolitain·es et non plus par les communes, afin qu’elles n’aient pas à prendre en charge cette nouvelle responsabilité quand elles n’en ont pas les moyens.
Les acteurs sont également très attentifs à l’acceptation citoyenne des projets : bien souvent, l’abattage d’un certain nombre d’arbres est nécessaire du fait des travaux de terrassement qui peuvent endommager les racines. En plus des concertations avec les différentes parties prenantes, la Métropole réalise des diagnostics arbre par arbre pour les préserver au maximum.
« Ces projets coûtent plusieurs millions d’euros et sont menés dans le but de bénéficier aux populations locales. Il est donc essentiel de veiller à ce qu’elles se les approprient. » - Marie Berdoulay, Métropole du Grand Paris
Bilan de notre seconde table ronde « Adapter les bâtiments : comment systématiser la mise en œuvre de solutions face aux prochaines vagues de chaleur ? »
Pour tenter de répondre à la question posée lors de cette deuxième table ronde, 3 intervenants étaient présents.
Eduardo Serodio, Ingénieur énergéticien, co-gérant de Izuba énergies, et co-auteur de l'étude prospective de l'Ademe Résiliance, sur l'adaptation des bâtiments au changement climatique, parue en 2023
Romain Elart, Adjoint au chef du SPTE, Direction de la Famille et de la Petite Enfance à la Ville de Paris
Charlotte Picard, Architecte et Directrice Adjointe du service Recherche et Innovation à la Ville de Rosny-sous-Bois
« La rénovation, c’est le premier chantier de Paris », Jacques Baudrier
Mais avant cela, Jacques Baudrier, Adjoint à la maire de Paris en charge du logement et de la transition écologique du bâti, a prononcé les propos introductifs de la table ronde. Il a rappelé que l’adaptation du bâti est une des priorités de l’actualisation du Plan Climat de la Ville de Paris. Pour cet élu, c’est même « le premier chantier de Paris », son ampleur n’a pas fini d’augmenter, les chantiers de rénovation devraient doubler d’ici quelques années.
Si beaucoup de choses ont été faites dans le parc social, c’est désormais dans le parc privé qu’il faut agir, et la demande est là, en témoignent les centaines de personnes qui assistent aux réunions publiques portées par la Ville et l’Agence Parisienne du Climat. Le programme Eco-Rénovons + représente un budget massif pour la Ville, mais permet de croire à un rythme de 40 000 logements rénovés par an d’ici 2030.
Jacques Baudrier a également parlé d’une évolution cette fois qualitative de la rénovation : les rénovations sont plus écologiques (matériaux biosourcés qui sont préférables pour le confort d’été), et prennent davantage en compte l’habitabilité estivale grâce au financement des volets et l’isolation des combles. D’ailleurs, le nouveau plan climat prévoit une nouvelle aide pour isoler le plus vite possible les combles des logements aux derniers étages. Des aides pour les plus précaires verront également le jour. Si les aides financières semblent être un levier majeur pour accélérer la rénovation du bâti, l’évolution réglementaire (notamment le nouveau PLU bioclimatique) joue aussi sa part.
Pourquoi mettre autant d’énergie sur la rénovation ? Certes, elle joue un rôle important dans l’atténuation des gaz à effet de serre et la réduction de la consommation d’énergie, mais elle est aussi essentielle pour oser espérer avoir un parc bâti adapté au climat futur.
« On constate une maladaptation globale du bâti », Eduardo Serodio
Eduardo Serrodio est ingénieur thermicien et co-auteur de l'étude Résiliance financée par l’Ademe. Basée sur des simulations de comportement de différents types de bâti, différents climats (région parisienne et région sud), et différents scenarii climatiques et temporalités, cette étude constate sans trop de surprise « une maladaptation globale du bâti actuel » Le bâti actuel n'est pas adapté à un climat de 2100 avec plus de 40 jours de vagues de chaleurs intenses. Même certains bâtiments construits récemment ne sont pas adaptés !
Heureusement, pour contrer cette maladaptation, les solutions existent et on les connaît déjà, il suffit juste de les systématiser. Les modélisations ont permis d’identifier 3 leviers forts, compatibles avec les objectifs d’atténuation :
1 : Isoler
2 : Protéger des rayonnements solaires
3 : Aérer la nuit
Contrairement aux idées reçues, peindre en blanc ou végétaliser les toits sont des solutions moins efficaces et plus court-termistes. Il est donc préférable de miser sur des démarches qui englobent un panel de solutions : « il faut une démarche globale pour adapter les bâtiments ».
En effet, une isolation par l’extérieur n’est pas suffisante. Ce que montre l’étude d’Eduardo Serodio, c’est que pour le climat 2050, si on travaille uniquement sur l’enveloppe du bâti, ça fonctionne. En revanche, pour les climats horizon 2100, même avec un bâti bien isolé, protégé des rayonnements solaires, et aéré la nuit, cela sera compliqué de faire face sans apport de fraîcheur. Il faut donc miser sur du rafraîchissement actif : les brasseurs d’air, le rafraîchissement adiabatique (selon le climat local), les puits climatiques, et peut-être construire des bâtiments qui permettent de laisser une possibilité de climatisation dans une dernière étape.
« Il faut replacer les usagers au cœur de la démarche »
Dernier message passé par Eduardo Serodio : ce sont les usagers qui connaissent le bâtiment. Leur demander leurs contraintes, les former, les associer constituent la première étape d’une stratégie d’adaptation du bâti. Si dans la pratique, personne n’ouvre les fenêtres où occupe le bâtiment de manière optimisée, le pari sera perdu. Les ingénieurs, les architectes, les concepteurs doivent concevoir des enveloppes adaptées, pratiques à utiliser pour les usagers.
Comment l’adaptation du bâti se concrétise sur le terrain ?
A Paris, dans le service crèches et petites enfances où travaille Romain Hélart, la question posée est la suivante : comment prendre en charge l’adaptation à court et moyen terme ?
Si l’on veut éviter de réitérer les erreurs passées (c’est-à-dire d’investir dans des climatiseurs qui induisent des problèmes de sécurités, logistiques et consommation énergétique) la première étape est de connaître l’état de son parc bâti (tout de même près de 800 bâtiments !) pour ensuite travailler sur un plan d’action.
C’est ce sur quoi travaille Romain Hélart et ses équipes. Leur diagnostic répond à des questions telles que : est-ce que de la ventilation passive existe, est-ce qu’une ventilation mécanique ou naturelle est présente, des occultations…etc. Cette collecte de données de terrain est ensuite complétée d’une démarche sensible : les usagers du bâtiment peuvent alerter lesquels sont les plus exposés et à risque, recenser les pièces rafraîchies etc.
De ce diagnostic découle une stratégie de rafraîchissement qui repose sur les actions suivantes :
S’orienter vers des solutions passives sans regret, à faible coût d’investissement. Le cœur de l’action consiste donc à poser des occultations : pose de volets systématique, s’assurer que les occultations et les stores fonctionnent.
Pour certains cas extrêmes : pose de climatiseurs plus pérennes et avec moins de déperdition énergétique.
Lorsqu’il a de la ventilation mécanique, se pose la question du free cooling, en prenant en compte bien sûr les nuisances sonores que cela peut induire sur les riverains.
Des tests de modules adiabatiques sont aussi en cours.
Ils travaillent aussi beaucoup avec les directions territorialisées, les agents qui sont sur le terrain et qui sont preneurs de rappel de bonnes pratiques en organisant des formations, etc.
« Il faut embarquer les arrondissements actifs pour en faire des démonstrateurs et convaincre là où ça l’est moins ».
En termes de retour d’expérience exemplaires, nous pouvons aussi nous pencher sur les écoles construites et rénovées par la Ville de Rosny-sous-Bois.
« Si Rosny le fait, tout le monde peut le faire » ! Charlotte Picard, de la direction de l’innovation de Rosny-sous-Bois
Dans les années 2010, la Ville de Rosny-sous-Bois a dû construire de nouvelles écoles pour faire face à un accroissement démographique important. Elle s’est saisie de cette mission pour interroger de nouvelles façons de construire, et s’est tout de suite tournée vers l’architecture bioclimatique.
Les nouvelles écoles de Rosny sont des bâtiments compacts, bien isolés, qui intègrent de l’isolation, des protections solaires, la possibilité de faire de la ventilation nocturne, etc. Des systèmes de ventilation naturelle avec récupération de chaleur ont aussi été mis en place dans certains bâtiments. Les matériaux sont issus au maximum de filières locales, et majoritairement construits en bois et paille pour la structure.
Est-ce à la portée d’autres collectivités ? A cette question, Charlotte Picard nous répond que « si Rosny peut le faire, tout le monde peut le faire ! ».
Pour arriver à produire rapidement des projets, une équipe interne de maîtrise d’œuvre a été créée au sein de la collectivité.
Constituée d’une dizaine de personnes, dont deux tiers d’architectes, elle permet de travailler vite (il faut compter environ 3 ans entre la conception et la livraison d’une école) : un délai plutôt court. Les écoles livrées permettent aussi d’accumuler des retours d’expérience pour les prochains chantiers.
Et niveau coût, la ville de Rosny préfère regarder l’impact sur le long terme en intégrant les questions de la durée de vie du bâtiment, des économies d’énergie, de bilan carbone. La ville s’appuie également sur des accompagnements financiers locaux.
Concernant l’intégration des usagers dans ses projets, si celle-ci se fait de manière partielle en phase amont (surtout pour les constructions), la Ville mise beaucoup sur la sensibilisation au cours de la construction avec des visites de chantiers, la construction de briques en terre crue etc.
Une fois le bâtiment livré, les équipes interviennent à chaque changement de saison auprès des usagers (tous les 6 mois environ) pour réexpliquer les bonnes pratiques. Des guides d’usages ont aussi été créés, mais la ville réfléchit aussi à mettre en place de la signalétique in situ qui pourrait être plus efficace dans un contexte où les usagers changent très régulièrement !
« On a trop longtemps réduit l’architecture au m² neufs », Marion Waller
Tous ces exemples témoignent de l’importance d’envisager la rénovation des bâtiments autrement, c’est d’ailleurs la conclusion de Marion Waller, Directrice Générale du Pavillon de l’Arsenal
Dans son discours, Marion Waller, Directrice Générale du Pavillon de l'Arsenal, a mis l'accent sur la nécessité de retravailler les imaginaires de l’urbanisme et de l’architecture.
« La proportion donnée au bâti neuf dans les discours et les médias a longtemps été démesurée, alors qu’il représente une infime partie de la ville ».
Le rôle des institutions comme le Pavillon de l’arsenal est pour Marion Waller de créer tout un nouvel imaginaire autour de la transformation et de l’adaptation de l’existant pour montrer que ce défi est tout aussi intéressant ; de donner envie aux architectes, aux urbanismes, de travailler sur la rénovation, la transformation du logement social, des enjeux primordiaux pour « continuer à vivre dans ville ».
« L’adaptation impliquera énormément de travaux, d’argent, de projets : on doit être plus actifs que jamais ».
Le Forum
Suite à ces tables rondes, un forum a permis aux 300 participants et participantes de rencontrer plus de 20 porteurs de solutions référencées sur AdaptaVille, des institutions proposant des accompagnement, des aides financières, ou des collectivités présentant certains de leurs projets !
Merci à toutes les personnes qui étaient présentent et ont permis de faire de cet événement un succès !